La technique de la peinture à l’huile Alla prima

Saisir sur le vif

Vous aimez peindre « sur le motif » et non d’après photo ? C’est bien compréhensible car les couleurs perçues sont souvent bien plus intéressantes, la perception de l’espace, le contacte avec les autres plus stimulants. Le stress du temps limité dont vous disposez pour peindre – un portrait en 3h ou un paysage avant que la pluie ne tombe par exemple – rend votre geste plus vif, vous allez à l’essentiel, vous devez faire des choix rapidement et, souvent, ils sont pertinents et plus inattendus.

Mais peindre à l’huile en une séance, peindre donc « alla prima », est très difficile et il faut avoir une longue expérience de peintre, ne nous voilons pas la face, pour obtenir un résultat vraiment solide. On patine souvent dans la boue quand on débute dans cette technique à l’huile ! Mais rassurez vous, en quelques séances, on peut déjà se débarrasser des problèmes de séchage et des questions de quantité de pâte picturale à déposer, en connaissant quelques principes. Vous pourrez, alors, vous concentrer sur ce que vous avez à dire de votre sujet, le cadrage, l’harmonie colorée, la qualité de la touche, les effets etc.

Une séance racontée par étapes

« Peindre dans le frais ». C’est la signification de l’expression italienne Alla Prima. Cette façon de peindre consiste à travailler une œuvre dans sa globalité et en un seul jet. Les couleurs sont superposées et juxtaposées sans attente de séchage sur plusieurs jours. La technique Alla Prima permet un maximum d’expressivité.

Avant de commencer votre séance de peinture à l’huile Alla Prima, assurez-vous d’utiliser un support à peindre suffisamment absorbant. Munissez-vous de la palette des teintes choisies, d’une brosse large pour placer les volumes principaux et de deux pinceaux moyens : un pour les couleurs claires et un pour les foncées. Les pinceaux fins ne sont utilisés que plus tard, pas de détails au début !

Peindre gras sur maigre: de l’esquisse à la pâte.

On procède maintenant à la mise en place de la forme et au volume général du sujet. Par exemple, dans le cas d’un portrait, vous allez modeler le visage et les cheveux avec très peu de matière et bien étirée avec le diluant (mais pas trop mouillé attention) pour que cette couche soit vite absorbée. Puis vous continuerez en demi-pâte, pour poser les ombres et les lumières principales, pas de détails à ce stade. On peint du sombre au clair, donc les lumières du visage doivent être peintes dans une valeur moyenne, qui sera ensuite éclaircie à l’étape suivante par touches. Dans le même temps, vous installez le fond avec un jus dilué également, même si vous ne savez pas encore ce que vous allez mettre comme couleur, cette étape s’appelle « nourrir sa toile ».

Ensuite vient l’étape où vous commencez à remettre du dessin dans votre sujet avec un pinceau un peu plus fin. A cette étape, vous jouez constamment entre la brosse large et le pinceau moyen car vous effectuez des allers-retours entre les détails et l’ensemble de la toile. N’hésitez pas à marquer fortement les contrastes au départ, il sera toujours possible de les atténuer ensuite. Vous n’êtes pas tenu de laver systématiquement votre pinceau, les essuyer un peu au sopalin suffit, surtout si en avez deux pour différencier les teintes foncées et claires.

Ça y est, le dessin de départ a été remplacé par des coups de pinceaux et des contrastes de teintes et de valeurs. C’est le moment de prendre du recul sur votre réalisation. Vous pouvez ainsi corriger encore le placement des masses et des volumes principaux.

La touche

Enfin vient le temps de rentrer dans le détail par touches, c’est là qu’arrive la difficulté principale de cette technique: des touches de peinture bien placées, de la bonne taille, dans le bon mouvement, décrivant ou suggérant la tension de la forme, le modelé et bien sûr, avec la bonne couleur.

Une règle importante : grande surface= gros pinceau, petite surface=petit pinceau. Sinon le travail paraîtra laborieux. Vous travaillez maintenant en demi-pâte/pâte avec des pinceaux fins à poils doux. Vérifiez les ombres et posez leurs détails colorés, leurs nuances. Repérez, traquez la lumière. Par exemple sur un portrait, vous la trouverez au niveau du nez, des pommettes, des paupières.

Vous pouvez ensuite choisir de laisser en touches vives l’ensemble de la toile ou de poursuivre par l’affinage du modelé du visage en fondant les touches avec une brosse à poils très doux et plus large. Mais attention à l’effet savonnette ! Ne perdez pas vos couleurs, n’affadissez pas le dessin. C’est en fait très délicat de fondre les touches donc allez-y avec mesure et reculez-vous souvent pour voir ce que ça donne. Vous pouvez aussi regardez dans un miroir pour avoir un œil neuf.

La réalisation des derniers détails réclame beaucoup de minutie. La justesse de votre travail en dépend, sa force aussi. Toujours dans le cas d’un portrait, soyez attentif au placement de l’éclat de lumière pour les yeux. Le dessin et le modelé des lèvres réclame aussi beaucoup d’attention.

Cet article n’est qu’un aperçu des différentes techniques de peinture à l’huile. L’atelier le Coquillage et l’oreille vous accueille à Nantes pour vous initier ou vous perfectionner dans la peinture à l’huile et autres loisirs créatifs. Rendez-vous à la page contact pour vous inscrire.